Vous êtes inscrit à Pôle Emploi comme demandeur d’emploi et projetez de vous mettre à votre compte comme rédacteur web. Mais voilà, rien que de penser au nom «  Pôle Emploi », la migraine vous envahit. Vous vous demandez comment ne pas vous noyer dans les méandres administratifs pour créer l’entreprise qui vous permettra ENFIN de vivre la vie de vos rêves. Peut-être même que vous songez à allumer des cierges pour que tout se déroule bien… Bref, si vous avez déjà lu des tonnes d’articles sur la manière de s’y prendre mais que la peur de vous noyer dans un raz-de-marée d’incompréhension et de rigidité administrative continue de vous tarauder, vous êtes au bon endroit !  Pour garder la zen attitude, je vous dévoile 7 étapes importantes qui permettent de créer son entreprise de rédaction web quand on est inscrit à Pôle Emploi. Allez, hop, à l’abordage de votre création d’entreprise !

1.   La mise en place de son projet professionnel

Avertir son conseiller Pôle Emploi

Lorsque l’idée de créer sa propre petite (ou grande) entreprise se profile à l’horizon, mieux vaut avertir Pôle Emploi. Malgré l’idée reçue selon laquelle il semble peu secourable en cas de question ou de difficulté, il a tout de même son utilité quand on créé son entreprise. Votre conseiller se montrera peut-être circonspect en entendant votre souhait de devenir rédacteur web freelance. Dans le pire des cas, il vous dira : « C’est quoi ça ? Ce n’est pas un métier ! » ou : « Ça n’existe pas ! » ou s’il en a une vague idée : « Je crois que mon neveu fait ça mais il ne gagne que 150 € par mois. Il vaut mieux laisser tomber ! ».

Vous vous sentirez alors dérouté sans savoir quelle attitude adopter au prochain rendez-vous. Dans le meilleur des cas, comme ce fut le mien, il vous écoutera sans sourciller et vous parlera CPF, ACRE, ARCE et autres mystérieux acronymes. Sachez que votre conseiller Pôle Emploi a un portefeuille de demandeurs d’emploi bien fourni et ses missions ne s’arrêtant pas à leur suivi, il est en général débordé. Il pourra néanmoins répondre à vos questions mais attend aussi des prises d’initiative de votre part. Pôle Emploi est là pour vous accompagner, pas pour faire les choses à votre place. Vous voulez être entrepreneur ? Prenez dès à présent le taureau par les cornes.

S’informer sur la création d’entreprise et sa future activité

Pas besoin donc de demander au préalable la « permission » à votre conseiller pour vous inscrire par exemple à l’atelier proposé par Pôle Emploi « S’imaginer créateur d’entreprise », vous pouvez le faire de vous-même via votre espace personnel dans la rubrique « Mes services à la carte » puis « Ateliers création d’entreprise ». Cet atelier vous permettra de rencontrer d’autres futurs entrepreneurs et de voir quelles sont les options qui s’offrent à vous pour les étapes de création d’entreprise à ne pas négliger et le choix de votre futur statut. Cela ne mange pas de pain et ne dure qu’une demi-journée.

Autre option : profiter du dispositif « business story » qui vous propose 3 rendez-vous avec des experts-comptables et ce gratuitement, afin de vous renseigner sur les étapes de la création d’entreprise.

Pôle Emploi vous demandera peut-être de créer un « business plan ». Pour une création d’entreprise dans le domaine de la rédaction web, je pense personnellement que cela est au mieux, inutile et au pire, chronophage. Préférez discuter avec d’autres rédacteurs web via les réseaux sociaux afin de bénéficier de leur expérience et établissez à partir de vos informations un petit prévisionnel listant quelques types de clients potentiels et les différentes étapes de votre création d’entreprise afin de ne rien oublier.

La rédaction web a de beaux jours devant elle : saviez-vous que le besoin en rédacteurs web a bondi de 157 % rien qu’en 2016 ? Le besoin ne cesse de croître et le web, regorgeant de millions de sites, aura toujours besoin de rédacteurs professionnels.

2.   Les droits CPF : faire le point

Avant de créer son entreprise de rédaction web quand on est inscrit à Pôle Emploi, il est nécessaire de faire le point sur ses droits CPF (Compte personnel de formation). Créez votre espace personnel (ou connectez-vous à l’aide de votre numéro de Sécurité sociale si votre inscription est déjà faite). Vous pourrez ensuite consulter vos droits ainsi que les organismes et formations éligibles à l’utilisation de ces derniers. Utilisez vos droits CPF avant de monter votre entreprise, sinon ils seront perdus.

Faire financer le certificat Voltaire, passer une certification WordPress, se former au SEO, beaucoup d’options s’offrent à vous afin d’avoir un maximum d’atouts en main lorsque vous serez à votre compte. Gardez toutefois à l’esprit qu’il vaut mieux se faire financer une formation intéressante à 500 € qu’une formation un peu moins utile à 60 €. Surtout qu’en cas de droits insuffisants, Pôle Emploi peut éventuellement prendre à sa charge le reliquat sans que vous ayez quoi que soit à débourser.

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3.   Le choix de sa forme juridique et de son régime : 2 exemples avec la micro-entreprise et la coopérative d’activités et d’emplois

Entreprise individuelle, société ou statut hybride, vous avez le choix entre ces 3 formes juridiques, qui se déclinent elles-mêmes en différents régimes. Le rédacteur web freelance débutant se lance généralement soit en entreprise individuelle sous le régime de la micro-entreprise (anciennement auto-entreprise), soit en coopérative d’activités et d’emplois (CAE).

Micro-entreprise

La forme juridique de la micro-entreprise est la plus prisée en rédaction web car les formalités administratives sont simplifiées, les risques liés à l’activité dérisoires et les investissements quasi nuls. Les charges font l’objet d’une exonération partielle et dégressive les 3 premières années. Le micro-entrepreneur est ensuite assujetti à des cotisations sociales à hauteur de 22 % proportionnellement au chiffre d’affaires réalisé. Néanmoins, s’inscrivant dans le cadre d’une prestation de service, le CA du rédacteur web doit se situer en-dessous du seuil de 33 200 € pour être exonéré de TVA et ne doit pas dépasser le plafond de 70 000 € dans tous les cas. Autre inconvénient : une absence de cotisation pour le chômage.

Coopérative d’activités et d’emplois (CAE)

Soucieux de compenser les inconvénients de la micro-entreprise, vous pouvez vous tourner vers la CAE, qui offre plus de sécurité en permettant de tester votre projet professionnel pendant 3 ans avant de devenir associé de la coopérative. Vous avez le statut hybride d’entrepreneur-salarié au sein de la CAE, qui s’occupe de toute la gestion administrative et bénéficiez des avantages du salariat. Inconvénient : les charges sont très élevées.

4.   L’ACRE : un allègement de charges intéressant

Créer son entreprise de rédaction web quand on est inscrit à Pôle Emploi nécessite de se renseigner sur tous les dispositifs existants afin de ne rien laisser au hasard : l’allègement de charges est l’un d’entre eux.  L’ACRE (Aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise), anciennement ACCRE (Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprises), a fait l’objet d’une réforme, appliquée depuis le 1er janvier 2019.

Alors qu’auparavant seule une frange bien précise de créateurs d’entreprise pouvait bénéficier d’exonération de charges, le dispositif est désormais ouvert à la quasi-totalité des entrepreneurs.

Les conditions aujourd’hui pour en bénéficier :

  •         ne pas avoir bénéficié de l’ACCRE pendant les 3 années précédant la création (ou reprise) de l’entreprise ;
  •         créer une entreprise individuelle ou une société ;
  •         exercer le contrôle effectif de son entreprise.

Vous n’avez aucune démarche à effectuer pour l’obtention de l’ACRE. L’exonération de charges est partielle ou totale pendant 1 an et peut être prolongée pendant 2 ans pour les micro-entreprises. Pour les auto-entrepreneurs, l’allègement dégressif pendant les 3 premières années d’activité correspond à 5,5 %, 11 % puis 16,5 %. A l’issue de ces 3 ans, le taux plein de cotisations sociales de 22 % se met en place.

5.   L’ARE ou l’ARCE : comment prendre la bonne décision ?

L’ARE et l’ARCE sont deux aides financières proposées par Pôle Emploi pour tout demandeur d’emploi indemnisé souhaitant créer son entreprise. Si vous êtes indemnisé, vous percevez l’ARE (Allocation d’aide au retour à l’emploi) et deux possibilités s’offrent alors à vous :

  •         continuer à toucher une partie de vos allocations en parallèle de votre nouvelle activité jusqu’à épuisement de vos droits ;
  •         percevoir 45 % du restant de vos allocations sous forme de capital à la date de votre début d’activité, en deux versements espacés de 6 mois. Vous ne recevez alors ensuite plus du tout d’allocations, vos droits ayant été liquidés.

Voici un exemple concret pour vous aider à mieux visualiser :

Imaginons que vous ayez droit à une allocation journalière de 40 € et qu’il vous reste 300 jours d’indemnisation lors de votre premier mois d’actualisation comme créateur d’entreprise.

Dans ce cas-là, voici comment se calcule l’ARE :

En tant que rédacteur web indépendant, vous faites partie des professions libérales pour lesquelles Pôle Emploi applique un abattement de 34 %. En réalisant par exemple un CA de 800 € pour un mois de 30 jours, il s’élève après abattement à 528 €.

Pôle Emploi calcule l’ARE en 2 temps en effectuant au préalable un abattement de 70 % sur le revenu issu de l’activité :

  •         (40 * 30) – (528 * 70 %) = 830,40 €. Le cumul de cette allocation avec le revenu de la micro-entreprise ne peut jamais dépasser le montant de l’ancien salaire brut ayant servi à calculer l’ouverture des droits.
  •         Pôle Emploi calcule ensuite le nombre de jours indemnisables : 830,40 / 40 = 20,76 jours arrondis à 21 et 21 * 40 = 840 €. L’ARE est donc de 840 € et vos droits sont repoussés des 9 jours non indemnisables pour le mois en question.

Vous avez suivi ? Parfait, passons maintenant au calcul de l’ARCE (plus simple !) :

(300 * 40) * 0,45 = 5 400 €, soit 2 700 € versés dès le départ et 2 700 € 6 mois après.

L’ARCE est utile surtout si l’on développe une activité nécessitant de la trésorerie pour approvisionner un stock ou acheter du matériel. Dans le cadre d’une activité de rédacteur web SEO, seuls un ordinateur et une connexion internet étant nécessaires, il est ainsi plus judicieux d’opter pour le maintien des allocations.

6.   Déclarer son activité : en avant !

Créer son entreprise de rédaction web quand on est inscrit à Pôle Emploi n’est pas de tout repos mais ça y est, après toutes ces étapes, le moment est venu de s’immatriculer !  C’est le premier pas pour pouvoir exercer légalement son activité de rédacteur web.

Dans le cas de la micro-entreprise, rendez-vous sur le site de l’URSSAF ou sur net-entreprises.fr pour déclarer votre activité, dont on peut d’ailleurs anticiper la création d’un mois. L’inscription au Registre national des entreprises (RNE) dépendant de l’Insee, permet l’obtention d’un numéro SIREN (identifiant son entreprise) et un code APE (Activité principale de l’entreprise). Votre numéro SIREN devra ensuite apparaître sur toutes vos factures.

Vous recevez quelque temps après 3 documents à conserver précieusement :

  •         votre certificat d’inscription avec vos identifiants SIREN et SIRET et l’APE qui vous a été attribuée (cette dernière relevant d’une activité statistique, n’est pas déterminante pour vous) ;
  •         votre notification d’affiliation à la Sécurité sociale des indépendants ;
  •         votre mémento fiscal envoyé par votre service des impôts des entreprises (SIE).

Le SIE vous enverra également un questionnaire relatif aux locaux que vous utilisez pour votre activité professionnelle, à compléter et renvoyer sous 15 jours.

7.   Créer son entreprise de rédaction web quand on est inscrit à Pôle Emploi : les pièges à éviter lors de l’actualisation mensuelle

Maintenant que vous êtes officiellement rédacteur web freelance, il ne vous reste plus qu’à informer votre agence Pôle Emploi de votre décision de déclarer votre CA mensuellement ou trimestriellement. Vous pouvez ensuite déclarer vos revenus (c’est-à-dire votre CA après abattement) lors de votre actualisation mensuelle.

Vous êtes prêt ? Voici les pièges principaux à éviter :

  •         se faire radier de Pôle Emploi. Pour cela, notez que vous êtes toujours en recherche d’emploi lors de votre actualisation ;
  •         ne pas s’actualiser chaque mois (même si vous vous déclarez trimestriellement) ;
  •         ne pas transmettre son justificatif de CA : Pôle Emploi vous verse une avance sur le paiement de votre indemnité mensuelle et régularise une fois qu’il a le justificatif entre les mains ;
  •         ignorer que vous pouvez percevoir un trop-perçu (à rembourser évidemment) : une fois que votre CA réel est connu, votre ARE est recalculée et suivant le cas, vous pouvez en effet être amené à devoir en restituer une partie.

Si vous connaissez votre CA mensuel, Pôle Emploi vous versera 80 % du montant dû de votre ARE et le reste est régularisé une fois le justificatif traité par son service indemnisation. Si dans le cas contraire vous n’êtes pas en mesure de déclarer votre CA mensuel parce que vous vous déclarez trimestriellement, alors Pôle Emploi vous versera un acompte équivalant à 70 % de votre ARE et régularisera une fois les justificatifs reçus (à envoyer trimestriellement ou annuellement). Bien sûr, si pour votre premier mois en tant que rédacteur web freelance vous déclarez un CA à 0 €, votre ARE est maintenue en totalité.

Une règle d’or : la zen attitude

Certains « couacs » sont susceptibles d’intervenir à chaque étape mais la règle d’or consiste à ne pas paniquer et garder son calme. Pôle Emploi ne vous a toujours pas versé votre allocation pour votre premier mois en tant qu’entrepreneur alors que vous avez déclaré un CA inférieur au montant de votre ARE ? Vérifiez que vous avez bien transmis votre justificatif et si c’est le cas, envoyez un mail courtois à votre conseiller ou passez un petit coup de fil. Allez, on respire ! Comme le dit l’adage : « il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions ! » et ce n’est pas Pôle Emploi qui va faire peur à un drôle d’animal comme vous ! 😉

 

Article rédigé par Gaëlle Curto, élève de la formation Origami 2 de Lucie Rondelet